Comprendre et surmonter la peur de sortir liée au Coronavirus (partie 2/4)

3 minutes de lecture

Cet article est la seconde partie d’une série de 4 dont la première est disponible ici. La lecture de la première partie, si elle n’est pas nécessaire, enrichit l’article que vous vous apprêtez à lire. Bonne lecture.


Il y a une phrase que j’ai beaucoup entendue en parlant ces derniers jours à des personnes paralysées par la peur de sortir : « je sortirai quand il n’y aura plus de risque d’attraper le virus. » 

Si c’est une pensée que vous avez en ce moment, j’ai une mauvaise nouvelle pour vous : le Covid a tout l’air d’avoir envie de s’installer un peu, et je crains que vous ne mettiez pas les pieds dehors avant un moment.

Ca commence à faire long là, non ?

Ce que cette phrase signifie en filigrane, c’est « je ne veux prendre AUCUN risque, et je n’agirai que quand il aura totalement disparu ». Et curieusement, il y a une radicalité dans cette prise de position que nous n’utilisons que dans cette situation bien précise. 

En effet, si vous conduisez une voiture, vous vous exposez au risque de faire un accident grave. Si vous sortez de chez vous, vous prenez le risque de vous faire agresser. Si vous avez déjà embrassé quelqu’un sans lui avoir demandé un bilan sérologique complet, vous vous êtes exposé au risque de transmission des germes qu’il ou elle transportait à ce moment-là (et il y avait déjà des trucs pas jojo avant le covid).

Quelle idée en même temps…

Pourtant là, toute prise de risque peut devenir totalement inconcevable. Et cette logique peut aisément se comprendre en réalité. Nous sommes actuellement dans une période que les psychologues décrivent comme présentant une « saillance de la mort » importante (voilà votre expression du jour pour briller en société).

Derrière cette expression barbare se cache quelque chose de tout simple, il y a en ce moment des gens qui meurent (ce qui n’est pas nouveau), et on en parle beaucoup plus que d’habitude (ce qui l’est déjà plus). Or il a été montré que lorsque nous sommes confrontés à l’idée de notre propre finitude, nous avons tendance à prendre moins de risque, surtout si nous avons habituellement le sentiment d’être en contrôle de notre vie (on parle de locus de contrôle externe, mais allez-y mollo lors de votre dîner, parce que là on va dire que vous en faites trop).

« Et là, je lui ai dit, chéri, tu veux bien couper BFM, la saillance de la mort qui s’y déploie est incompatible avec mon locus de contrôle. Il a rien compris, ce nigaud. »

On prend ainsi à bras le corps la responsabilité de notre survie et voulons absolument réduire le risque au minimum. Et combiné à la pensée binaire dont on a parlé hier, ça donne « Je vais rester chez moi tant que sortir représentera un danger mortel. »

Le coût de la prudence excessive

Le problème c’est que malheureusement, pour faire la moindre chose dans notre vie, nous devons prendre des risques. Que ce soit pour votre travail, vos loisirs, votre famille, ou tout autre domaine qui donne un sens à votre existence, vous consentez à un certain nombre de risques.

C’est pourquoi cette logique du risque 0 peut si elle s’installe devenir une vraie source de souffrance dans votre vie. J’en veux pour preuve l’échange que j’avais avec une dame l’autre jour. Elle m’avoua qu’elle n’avait pas quitté son domicile depuis le premier jour du confinement, même pour chercher le courrier, par peur d’attraper le virus. Et c’était dur pour elle parce qu’elle aurait beaucoup voulu offrir à ses enfants quelques heures dans le jardin souvent désert au bas de son immeuble qui la narguait depuis sa fenêtre. Mais à cause de la perception de l’extérieur comme un danger et de cette aversion exacerbée au risque, elle s’en sentait proprement incapable. La peur et la tyrannie que cette dernière exerçait sur elle l’empêchaient d’être la mère qu’elle voulait être.

Ne rien vouloir risquer, c’est renoncer à vivre. C’est vrai pour le Covid, mais c’est vrai à n’importe quel moment. Paradoxalement le plus grand péril auquel vous vous exposez, est de ne vouloir en courir aucun. Vous êtes alors quelque part mort de votre vivant par peur de mourir en vivant votre vie.

La question n’est pas « risque ou pas risque », car vous êtes vraisemblablement bien plus courageux et moins « risque 0 only » que vous ne le pensez. Et il n’y a pas de raison de vous comporter avec le Covid avec un plus grand zèle qu’avec les autres domaines de votre vie. 

La question est « avec quelle quantité de risque je suis prêt à composer » et surtout « qu’est-ce qui vaut le coup dans ma vie que je prenne un risque », et ça, c’est une tout autre affaire qui demande que chacun s’y penche. Loin de moi l’idée de vous inviter à la témérité, et évidemment le risque doit être réduit au minimum avec les moyens que nous avons, les gestes barrières et la distanciation sociale. Mais ces questions ont le mérite non plus de fermer la porte dans l’attente d’un illusoire risque 0 mais d’ouvrir celle de la négociation avec nous-mêmes et de la liberté de choisir.

Quand vous aurez décidé, la peur sera sans doute toujours là. Vous devrez l’emmener avec vous dehors. Mais au moins vous pourrez vivre à nouveau.

À lundi pour découvrir un type de pensée qui peut nous bloquer et une nouvelle manière de percevoir la situation qui peut libérer.

Un commentaire sur “Comprendre et surmonter la peur de sortir liée au Coronavirus (partie 2/4)

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