La Thérapie d’Acceptation et d’Engagement (ACT)

Troisième vague des TCCE

La Thérapie d’Acceptation et d’Engagement, ou ACT (pour Acceptance and Commitment Therapy) est une approche qui appartient à la troisième vague des Thérapies Comportementales, Cognitives et Emotionnelles. Elle se distingue des deux précédentes par son approche de la souffrance humaine et ses objectifs.

Là où les TCCE traditionnelles se proposaient de réduire voire de supprimer les symptômes, de modifier les croyances dysfonctionnelles, ou de manière plus générale, de réduire la négativité, ACT propose quelque chose de nouveau : apprendre à composer avec ses difficultés, à mener une vie qui vaut la peine d’être vécu non pas malgré nos difficultés, mais avec elles. De leur faire de la place plutôt que de lutter contre elles.

Le postulat de départ de cette thérapie est que la souffrance ne provient pas des émotions ou pensées douloureuses que nous ressentons mais de tous les efforts que nous mettons en oeuvre pour ne pas les ressentir.

ACT : une illustration clinique.

Prenons l’exemple d’une femme qui souffre d’anxiété et a fait par le passé plusieurs attaques de paniques. Traumatisée par ces expériences déplaisantes, elle ne veut plus sortir de chez elle à moins de 15 minutes à pieds et reste cloitrée dans son domicile à l’affut des moindres signes qui pourraient annoncer le début d’une crise. Elle est rongée par des pensées du type « je vais devenir folle », « Et si je faisais un malaise chez moi et que personne ne me portait secours ? », « est-ce que les battements de mon coeur que je sens dans ma poitrine sont le signe que je vais faire une crise ? », « Il faut que j’arrête d’y penser parce que je sens que ça monte. ». Elle ne quitte plus son domicile que pour aller de thérapeutes en thérapeutes, à la recherche de la solution miracle qui lui garantirait d’être débarrassée définitivement des attaques de panique.

En ACT, nous pensons que le problème n’est pas la présence des attaques de paniques dans la vie de cette personne (on sait aujourd’hui qu’elles ne sont pas dangereuses), mais le fait qu’elle ait arrêté de vivre pour ne plus éprouver les sensations difficiles qui les accompagnent et que son existence se résume à chercher le moyen de les éviter à tout prix. Les attaques de paniques sont ainsi tout ce qui lui reste, elles commandent son existence et la prive de tout ce qui est important pour elle.

La Thérapie d’Acceptation et d’Engagement visera dans ce cas à apprendre à connaître et faire de la place à son anxiété, à trouver une juste distance avec les pensées qu’elle génère et qui la nourrissent et à renouer avec les activités qui donnaient du sens à sa vie et qui pourraient valoir la peine de faire l’expérience de quelques sensations désagréables. Mais comment y parvient-on ?

De la rigidité à la flexibilité psychologique

Tout l’enjeux de l’ACT et d’entraîner et développer la flexibilité psychologique. Celle-ci se définit par la capacité de choisir de qui marche le mieux pour atteindre vos objectifs. C’est une grande différence avec l’approche TCCE traditionnelle car le focus n’est plus mis sur vos problèmes et leur suppression, mais sur la manière dont vous pouvez composer avec eux pour avancer vers ce qui compte pour vous. L’idée est de vous redonner le pouvoir de choisir et de mener votre vie en allant vers ce qui est vraiment important plutôt qu’en vous éloignant de ce qui est désagréable.

Pour cela, nous travaillons ensemble grâce à des exercices et des expériences à passer :

  • De l’évitement expérientiel à l’acceptation : faire de la place et apprendre à regarder ce qui nous fait mal plutôt que de le fuir systématiquement.
  • De la fusion à la défusion avec nos pensées : nous prenons la plupart du temps nos pensées pour la réalité. Parfois c’est utile, parfois, c’est destructeur et cela nous empêche d’avancer. Défusionner, c’est être capable de regarder nos pensées, et de ne prendre que celle qui sont utiles à ce que nous avons envie de faire. Un peu comme lorsqu’on utilise un détecteur de faux billet : on peut ainsi prendre ceux qui nous permettront d’acheter d’autre chose, et refuser ceux qui vont juste nous encombrer.
  • Du soi comme contenu au soi comme contexte : nous ne sommes pas ce que nous pensons, nous ne sommes pas nos émotions, nous ne sommes pas nos souvenirs. Nous ne sommes le contexte d’apparition de toutes ces expériences. C’est faire l’expérience et réaliser ce fait qui nous aide à prendre de la distance avec ce que nous vivons quand nous en avons besoin.
  • Du passé et du futur au moment présent : La source de nos inquiétudes et de nos souffrances se situe bien souvent dans les regrets du passé et dans les projections catastrophistes du futur. Apprendre à accueillir, observer et connaître ce qui se passe dans le moment présent permet de mener une vie plus ancrée et plus sereine.
  • De valeurs peu claires à des valeurs affirmées : Lorsque notre vie est dirigée par notre évitement des inconforts émotionnels, nous sommes comme un esquif ballotté par les vagues, en proie aux éléments. Nous ne sommes pas aux commandes. Lors que nous savons ce qui compte pour nous, nous avons la force de garder le cap vers les directions.
  • De l’inaction à l’action engagée : nos actions de luttes contre nos ressentis désagréables nous prennent souvent toute notre énergie et nous n’avons plus la force d’agir dans le sens de nos valeurs. L’ACT permet de se remettre en mouvement par des actions dans le sens de nos valeurs.
%d blogueurs aiment cette page :